Corwin, le Prince à la Rose d'argent

[Térence]

Une année s'était écoulée déjà depuis ton départ ... Je devrai plutôt dire une année dans mon Ombre s'était écoulée ... Je n'ai pas oublié les voyages que tu m'as fait faire d'Ombres en Ombres jusque dans des univers qui m'étaient totalement inconnus, mais pourtant pas si éloignés du mien. Tu m'as appris que le temps était relatif et que d'une ombre à une autre il ne s'écoulait pas de la même manière. Là où tu es il ne s'est peut-être écoulé qu'une semaine ... comme 10 ans ...
En repensant à toi mon ami je me surprends souvent, comme ce soir à regarder la mer, du balcon de mes appartements, cette mer qui étrangement s'agite la journée et redevient étale le soir ...
Ton Atout est froid depuis longtemps maintenant, je n'arrive plus à te joindre. Tu m'avais parlé de ta Marelle, et de son impact sur la Loi, sur Ambre ... Peut-être explores-tu ton nouveau royaume, peut-être que là-bas l'oeuvre de Dworkin, ton grand-père, ne fonctionne pas ...

Svoboda ... Liberté dans ma langue ... Quel beau nom tu as adopté en venant me rejoindre sur mon invitation. Toi Corwin, Prince d'Ambre, Svoboda dans l'Ombre AdS ...

Grands parmi les plus grands durant ton premier séjour dans cet univers, Grayswandir t'a rendu célèbre toi le Prince à la cape au liseret d'argent éclatant au firmament des étoiles de l'univers. Les grands Seigneurs tombés face à tes vaisseaux de batailles reluisants ne se comptent plus, certains s'en sont relevés, comme Atalant3, d'autres non ... Puis, par lassitude tu devais te remettre en Marche, mais avant ton départ tu m'as offert une de tes roses d'argent. Un présent dont la symbolique est forte. De nombreuses Ombres tu as traversé ... Et malheureusement, suite à une altercation avec Sheridan, le puissant ambassadeur de Babylon5, l'empire que tu avais légué avant de m'emmener avec toi à travers les Ombres n'a pas survécu ... Et jusqu'à l'Ombre des Hérétiques je t'ai suivi. Tu m'as ouvert la voie, je t'ai suivi en toute confiance. Je ne sais si beaucoup d'hommes ont eu la chance de Marcher à tes côtés mais cette expérience fut unique pour moi, je ne saurai jamais assez t'en remercier. La première fois que je quittais l'ombre AdS ...

Puis comme le vent qui souffle en tempête, les Hérétiques tu quittas à nouveau, me laissant orphelin de mon guide. Vint alors cette invitation, celle à nous rejoindre, nous les AdS.
Pour beaucoup Corwin n'était plus qu'un nom, un nom porté par les quatre vents, un nom que tout le monde connaissait, mais le nom d'un Seigneur laissé pour mort ...

Ton retour s'effectua dans le plus grand anonymat car tu ne souhaitais pas que l'univers entier voit le Prince de retour. C'est ainsi qu'aux yeux de mes propres alliés tu devins Svoboda, un homme bon, intervant peu souvent au début mais dont chaque intervention était belle et riche de signification. Ton avis était celui de la sagesse, Svoboda le grand-frère pour certains, Svoboda le grand-père pour d'autres ... Chacun avait trouvé une façon de t'apprécier, pour la personne que tu étais et non pour ta légende. Et quelle légende pourtant ...

Peu nombreux furent ceux à être au courant de ton secret ... Ton frère bien sûr, Benedict, comment tromper un frère ? Les deux meilleurs bretteurs d'Ambre réunis sous la même bannière ... J'en suis toujours pantois ... Le Petit Maître, Cheval Fougueux comme tu te plaisais à l'appeler conaissait aussi ton identité, même si lui n'a pas vraiment eu la chance de te connaître avant ton retour.
J'aurai tellement souhaité que les alliés puissent savoir aux côtés de quelle Légende ils ont pendant plusieurs mois combattu ... Mais pour la promesse que je t'ai faite je me suis tu. Le souvenir que tu laisseras au fond d'eux ne sera donc pas celui d'un Prince aux pouvoirs extraordiannaires, mais celui d'un homme bon, apprécié pour ce qu'il était, plus que pour ses exploits passés. Et aujourd'hui ils savent ...

Je me souviens aussi de nos discussions derrière un échiquier, qui s'achevaient souvent au petit matin. Tu me parlais de Julian et comment tu as échappé à la course de son destrier, Morgenstern, en Lorraine, comment tu avais connu Dara, ton amour ambigü pour Deirdre, les Cours du Chaos, l'Ombre d'Avalon, et comment tu étais finalement arrivé ici et pourquoi il te faudrait un jour partir ...
Plus qu'être à ton écoute j'essayais de te comprendre. Pas évident de se mettre dans la peau d'un ambrien mais j'ai fait de mon mieux.

Aujourd'hui tu n'es plus là, tu nous a laissé un magnifique témoignage de ton amitié avant de partir mais je le sais tu reviendras. De là où tu es tu regardes peut-être en ce moment même ta mer, qui un jour redeviendra étale, conformément à la troisième loi de la thermodynamique. De l'entropie renaît toujours un nouvel ordre ...

Le chemin tu le connais, notre Ombre n'a plus de secret de pour toi, tu n'as pas besoin de nous prévenir pour être certain de trouver une place à notre table et une place dans nos coeurs, que tu n'as jamais quitté.

La nuit tombe, un magnifique couché de soleil colore le ciel dégagé et, comme par enchantement la mer ici redevient étale ... Corwin, reviens nous vite.

[Térence]